La coordonnatrice pour Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Son parcours professionnel
Travailleur social de profession, le coordonnateur a beaucoup œuvré dans le milieu communautaire, notamment dans les centres jeunesse, l’itinérance, la santé mentale, la toxicomanie, la défense des droits des chômeurs, etc. En 2020, il effectue un stage chez Les Petits Frères, y prend goût, et est embauché. Il affirme que les valeurs de l’OBNL sont conformes aux siennes, soit le respect, l’empathie et la justice sociale.
Sa vision de la mission des Petits Frères
Selon la coordonnatrice, la mission des Petits Frères est un peu hors des sentiers battus. Souvent, les organismes se concentrent sur l’aide ou l’intervention alimentaire, alors que Les Petits Frères offrent aux aînés la socialisation :
" On construit une grande famille autour de ces gens. Nous faisons appel à des bénévoles pour briser l’isolement. En jumelant un bénévole avec un grand ami et en organisant des activités sociales, nous vérifions qu’il y a toujours quelqu’un pas loin qui pense à ces personnes. ”
Ses responsabilités
Les responsabilités du coordonnateur sont d’embaucher et de former de nouveaux bénévoles, ainsi que de veiller à ce que le jumelage des bénévoles et des Grands Amis se déroule sans heurts. Le coordonnateur intervient parfois lorsqu’un aîné par exemple a plus de difficultés ou lorsque le jumelage se passe moins bien. Les responsabilités de la coordonnatrice sont aussi de maintenir les liens entre les partenaires locaux (ex. CLSC, résolidaire, chic resto pop) et d’être présent sur les tables de concertation de l’arrondissement.
'' Ce n’est pas de l’intervention pure, je n’ai pas de plan d’intervention, mais c’est pour faire le point. Je suis un facilitateur dans des situations difficiles. En général, ça se passe bien, je n’ai pas à faire ce type d’intervention, mais si besoin, je peux le faire. ''
L’ambiance de travail
Selon la coordonnatrice, l’équipe des Petits Frères est composée de gestionnaires et de collègues accessibles. C’est un métier qui permet de traiter avec beaucoup de monde, et il y a une bonne diversité de choses à faire.
" C’est vraiment amusant. C’est l’un de mes premiers emplois où je me lève le matin et je suis motivé pour aller travailler. Les collègues sont très faciles à approcher. Les managers sont très transparents, très ouverts, disponibles surtout. C’est donc un environnement de travail qui est super positif. Nous avons également de bonnes conditions de travail en général. ''
Les points forts de l’équipe de travail
La coordinatrice dit que les managers sont très attentifs, très sensibles à ce que vivent leurs employés et qu’ils sont très proches du terrain. Selon lui, la principale force de l’équipe de travail est l’agilité :
'' Nous sommes agiles car s’il y a une situation complexe, nous nous adaptons. De nos jours, on parle d’insécurité alimentaire. Il y a un Grand Ami qui fait face à ce problème. Nous nous demandons ce que nous pouvons faire en tant qu’organisation. ''
La coordonnatrice soutient que les Petits Frères est une organisation ouverte à l’expérimentation de nouvelles approches, et qu’en ce sens, elle fait preuve d’agilité.
Maintien de l’emploi
Le coordonnateur conserve ce poste parce qu’il aime la stabilité :
'' Je me vois passer ma carrière chez Les Petits Frères. Je ne me vois peut-être pas rester coordonnateur, mais il y a des possibilités de gravir les échelons. ''

Sentiment de compétence au travail
Il estime qu’il est un bon coordinateur. Concernant les aspects où il est moins confiant, cela est compensé par une formation (ex : formation en bureautique, sur le deuil, le vieillissement et le déplacement des bénéficiaires).
S’ouvrir à de nouvelles opportunités
Les Petits Frères misent beaucoup sur le potentiel de ses employés. Les études sont encouragées par l’organisation, voire financées dans la mesure de leur succès. Les Petits Frères mettent beaucoup d’incitations pour les employés à développer leurs connaissances, leurs compétences et leurs capacités. Par exemple, le coordinateur commencera un certificat en leadership organisationnel à HEC lors de la prochaine session. Il prévoit axer sa formation sur les organismes à but non lucratif.
'' Il est important de nommer nos ambitions. Je ne suis pas pressé mais je vise un poste de direction. Je fais mes preuves sur le terrain, mais oui finalement c’est quelque chose qui m’intéresserait. Et il y a un intérêt de la part de mes managers à me voir progresser. ''
Fier d’un accomplissement
Le coordonnateur est fier d’avoir contribué au nombre de personnes accompagnées dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve qui a doublé depuis qu’il occupe ce poste.
" Et les bénévoles sont très heureux. En général, j’ai une bonne relation avec mes bénévoles et ils me l’ont dit. ''
Un défi
Le coordinateur est parfois témoin de situations de détresse et de mal-être vécues par les Grands Amis. Il met en place des ressources pour les aider, mais parfois les ressources sont inexistantes, il y a un temps d’attente ou il n’y a pas de disponibilités.
« Il y a des personnes âgées qui m’appellent. Pouvez-vous venir enlever les cafards de ma maison ? Ce sont des situations extrêmement difficiles, nous essayons de nous rattraper, mais nous ne pouvons pas tout faire. Je dois référer, et même si je fais une référence, ce n’est pas une garantie qu’il y aura un suivi. Il y a des situations où vous vous sentez impuissant. ''
Un terrain au cimetière de la Côte-des-neiges
La coordinatrice dit que les Petits Frères pensent aux Grands Amis jusqu’à la fin et même après. L’organisme a beaucoup de terrain au cimetière de la Côte-des-neiges et vient en aide aux personnes qui n’ont pas d’arrangements funéraires.
Financement de l’organisme
Les Petits Frères dispose d’un département de philanthropie. Avec un budget annuel de 6 millions de dollars, l’organisme reçoit une subvention annuellement (15 % du budget) et bénéficie des profits de la boutique les Petits Frères (15 % du budget). Les Petits Frères organisent des campagnes de financement annuelles ; il y a des fondations privées qui sont sollicitées ; Il y a des gens qui font des dons par le biais de leur succession. Dans l’ensemble, le financement privé donne à l’organisation une grande flexibilité.
Un grand ami (X)
Son histoire de vie
X, Franco-Ontarien, est âgé de 85 ans. Après la mort de sa mère alors qu’il a une vingtaine d’années, il rejoint les Pères Oblats. Il a étudié les études religieuses et la philosophie, et a arrêté ses études juste avant le sacerdoce. Il a ensuite travaillé à l’Office de techniques des diffusions nationales et à l’Office national du film du Canada. Il est ensuite devenu agent immobilier, ce qui l’a amené à voyager. Il a pris sa retraite à l’âge de 60 ans. Sur le plan relationnel, il est célibataire. Il est membre des Petits Frères depuis 7 ans. Au quotidien, ce sont surtout les visites qui l’occupent.
Ce qu’il aime chez Les Petits Frères
X a connu les Petits Frères grâce à un ami. Il convient que les Petits Frères sont une nécessité chez les aînés.
Il adore aller à Oka, un lieu de villégiature pour les Grands Amis et les bénévoles.
" Oka me permet de rencontrer des gens et de me sortir de mon isolement. ''

X bénéficie également de l’aide d’un bénévole des Petits Frères (ex. : coupe de cheveux, conduite à des rendez-vous, etc.). Ils aiment parler ensemble.
'' J’ai de la chance, j’ai quelqu’un des Petits Frères qui s’occupe de moi. ''
Ce qu’il faut améliorer au sein des Petits Frères
X dit qu’il n’est pas officiellement jumelé avec ce bénévole parce que ce dernier veut s’occuper d’autres personnes en même temps.
''Je suis apparié, mais je ne suis pas apparié. ''
D’autre part, X manque d’activités de groupe : " Nous avons moins d’occasions de nous rencontrer et de fraterniser qu’avant. ''
Il aimerait remplacer la formule café-dessert au siège par un repas complet (comme c’était le cas auparavant) :
'' Contrairement à la formule café-dessert, avec les repas, on a vraiment l’occasion de parler avec les gens. Et nous avons la chance d’être jumelés avec quelqu’un à ce moment-là. ''
Une grande amie (Y)
Son histoire de vie
Y est une dame de 96 ans. Elle a commencé à étudier la musique dès son plus jeune âge. La musique a toujours fait partie de sa vie. Actuellement, elle enseigne le piano à 3 élèves.
" Si la musique n’avait pas existé dans ma vie, j’ai l’impression d’être à la dérive. Parce que j’ai eu beaucoup d’épreuves dans ma vie. C’est donc ce qui m’a énormément aidé parce que la musique est une nourriture pour l’âme et le corps. C’est aussi ce qui nourrit ma vieillesse. ''

Y a obtenu son diplôme en piano de l’Académie de musique de Québec. En plus de donner des cours particuliers de piano, elle a travaillé sept ans pour son père qui était notaire. Elle a également été secrétaire médicale au bloc opératoire de l’hôpital du Sacré-Cœur. Plus tard, elle s’est mariée et a eu une fille, qui est née avec un handicap physique.
Quand elle est née, je me suis demandé ce que j’allais faire. Aujourd’hui, je me demande ce que je vais faire sans elle. Sa fille a réussi à surmonter son handicap et a étudié longtemps (doctorat en droit).
''Je pense que Dieu nous donne de la force, elle conduit sa voiture, elle est très indépendante, elle a voyagé dans le monde entier. ''
Y affirme qu’elle vit une belle période de sa vie et qu’elle est bien organisée. Un jour où elle fait une activité, le lendemain elle se repose, c’est comme ça qu’elle garde son équilibre.
La pandémie
C’est la pandémie qui a amené le Y à frapper à la porte des Petits Frères. Elle se sentait très seule. Pendant cette période, les Petits Frères l’appelaient une fois par semaine et lui envoyaient un texto gentil.

Son jumelage avec un bénévole
Y entretient de très bonnes relations avec son bénévole, qui lui apporte un soutien moral : « Les Petits Frères m’ont envoyé une volontaire, une Française d’une cinquantaine d’années, marathonienne. Elle est si agréable et extraordinaire. ''
Les deux femmes se voient une fois par semaine (bientôt une fois toutes les deux semaines), elles jouent au scrabble ensemble : « Parce que mon cerveau est important, je dois le faire fonctionner. Ils discutent de toutes sortes de choses, comme les événements mondiaux. De plus, Y enseigne le piano gratuitement à son bénévole.

Activités de groupe
Y a participé à un brunch de Pâques, une activité qu’elle a appréciée. Elle aimait aussi assister à des conférences de témoignages dans une école.
En fait, Y aimerait que les Petits Frères organisent à chaque fois plus de réunions de groupe avec des sujets de discussion.
Conclusion
Les Petits Frères offrent aux aînés une socialisation et rompent leur isolement.
La coordonnatrice à Mercier-Hochelaga-Maisonneuve s’assure que le jumelage entre les bénévoles et les Grands Amis se déroule bien. Il fait état d’un environnement de travail agréable et d’une équipe dotée d’une bonne capacité d’adaptation. Il est fier du nombre de Grands Amis qui a doublé dans son secteur depuis son entrée en fonction. Il souhaite faire carrière chez les Petits Frères avec l’ambition de devenir manager. Il a parfois du mal à être témoin des situations de détresse vécues par les Grands Amis.
Selon le grand ami X, les Petits Frères sont une nécessité pour la communauté des aînés. Il affectionne particulièrement la station balnéaire d’Oka, où il a l’opportunité de rompre son isolement. Il serait pertinent de préciser l’appariement de X, qui n’est pas totalement satisfaisant. De plus, le jumelage entre Y et son bénévole est très réussi. Enfin, les deux Grands Amis aimeraient que davantage d’activités de groupe soient organisées.