La sexualité est toucher, plaisir et contact avec le corps de l’autre. C’est un besoin universel qui renforce la santé et est une source d’épanouissement et d’estime de soi.
Nous faisons l’erreur de penser qu’elle n’existe pas chez les personnes âgées. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Ce point de vue est le reflet de l’âgisme (discrimination fondée sur l’âge).
Chez Chic chez vous, nous favorisons une société inclusive qui reconnaît les besoins de chacun, y compris les besoins et les désirs sexuels des aînés.
Nous croyons donc que la sexualité chez les aînés ne devrait plus être taboue et qu’il faut en parler ouvertement afin d’éliminer la stigmatisation.
Dans cet article, nous parlerons de notre vision restrictive de la sexualité chez les personnes aînées, de la situation dans les CHSLD, de la diversité sexuelle et des infections transmissibles sexuellement et du sang (ITSS).
Une vision restrictive et âgiste
En 1970, Renée Claude chante « Le début d’un temps nouveau », une chanson sur l’amour libre. C’était l’époque de la révolution sexuelle où tout était permis. Comment se fait-il alors que cinquante ans plus tard, la sexualité de nos aînés (les baby-boomers) crée un malaise?
Même si les mentalités évoluent beaucoup, beaucoup de gens dans la société perçoivent la sexualité comme ayant des objectifs de reproduction et de performance. Ils associent la sexualité à la jeunesse, à la beauté et à la santé.
Les personnes âgées sont également associées à d’autres clichés tels que la dépendance à l’autre, le non-respect des normes de beauté et même la perversion. Il y a un affaiblissement physique qui rend difficile de trouver des personnes âgées sexy. Ils s’éloignent de l’image que nous nous faisons de la sexualité.
De plus, les personnes âgées peuvent intérioriser cet âgisme, c’est-à-dire se croire trop âgées pour avoir des expériences sexuelles.
Cette vision restrictive se traduit par une sous-représentation des personnes âgées dans les médias et aussi dans la pornographie. C’est un groupe d’âge qui sera considéré comme hors norme. Nous allons infantiliser les personnes âgées et voir tous les signes sexuels comme ''mignons'' ou ''adorables'', sans tenir compte du caractère érotique ou sensuel.
La situation dans les CHSLD
Dans le système de santé, les professionnels perçoivent les aînés à travers leur handicap et ont de la difficulté à les voir comme genrés. Dans les CHSLD en particulier, la sexualité des personnes âgées est un sujet très tabou. Les allées et venues régulières des soignants et les chambres partagées limitent les possibilités d’intimité pour les personnes âgées.
Il serait plus avantageux que les proches aidants soient mieux formés sur les questions de sexualité chez les aînés. Malheureusement, ils sont souvent mal à l’aise d’aborder cette question avec leurs patients parce qu’ils imaginent que les aînés sont mal à l’aise de parler du sujet. Mais, au contraire, les personnes âgées aimeraient pouvoir en parler et que ce soient les professionnels qui aborderaient le sujet.
Nous pensons que le personnel doit être compréhensif et tolérant et éviter les attitudes négatives telles que la culpabilité, la moralisation ou la dérision. Les soignants doivent apprendre à respecter l’intimité des résidents, par exemple en frappant avant d’entrer dans une pièce.
On pourrait aussi désigner dans les CHSLD ou les nouvelles résidences pour aînés, des lieux propices à l’intimité sexuelle (salle d’intimité), tout en s’assurant que les deux résidents sont pleinement consentants. Il est important d’évaluer le consentement afin d’interpréter les attitudes et les actions des résidents, et de s’assurer que leurs choix sont libres et éclairés.
En ce qui a trait à la sexualité, nous concluons que le personnel des CHSLD est souvent livré à lui-même, sans lignes directrices pour guider l’intervention. C’est pourquoi il est important de mettre en place un cadre de référence, afin que les aidants ne se réfèrent pas à leurs valeurs, convictions personnelles ou préjugés.
Familles
La famille a aussi un rôle à jouer. Pour certaines familles, il est important de respecter les besoins et les choix de leur proche, y compris en matière de sexualité. D’autres familles, beaucoup moins à l’aise, demanderont des restrictions de contact entre leur proche et le partenaire.
Ainsi, entre le contrôle et le soutien, les réponses aux besoins sexuels des résidents des CHSLD dépendent de l’ouverture d’esprit des familles, du personnel et de l’établissement.
Diversité sexuelle
D’un autre côté, on a souvent une idée clichée de la sexualité chez les aînés, un engagement classique entre un homme et une femme, mais il y a aussi des unions ouvertes et des personnes qui ont plusieurs partenaires. Il est vrai que certains seniors sont plus dans la tendresse et la sensualité, mais d’autres aimeront les pratiques marginales, comme le sadomasochisme par exemple.
Il y a aussi la présence de minorités sexuelles (LGBTQ+) parmi la population âgée. Pour les aînés LGBTQ+, la divulgation de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre peut être difficile. En effet, ils vivaient à une époque où l’homosexualité et la transidentité étaient des crimes passibles d’emprisonnement ; une réalité qui est toujours d’actualité dans de nombreux pays.
Les aînés LGBTQ+ qui dévoilent leur orientation sexuelle ou leur identité de genre à leur entourage peuvent être soulagés de ne plus avoir à se cacher et de pouvoir vraiment montrer qui ils sont. D’autre part, ils risquent d’être davantage stigmatisés.
Certains aînés LGBTQ+ n’ont plus de contact avec leur famille parce qu’ils n’acceptent pas leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Pour ces personnes, leurs amis et partenaires amoureux en viennent à occuper une place si importante dans leur vie, qu’ils les considèrent comme leur famille.
La communauté des hommes gais
Il semble également que l’âgisme soit extrêmement fort dans la communauté des hommes gais (ce qui signifie que la sexualité s’arrête après un certain âge). Certains hommes gays chercheront des partenaires en échange d’argent de peur de ne pas trouver de partenaire. Dans ce contexte, ces hommes peuvent faire l’expérience de beaucoup d’exclusion et d’isolement.
Il y a aussi des hommes gais qui vivent dans des CHSLD qui préfèrent « rester dans le placard » parce que le personnel n’est pas formé pour recevoir ce type de témoignage (même s’ils étaient sortis du placard quand ils étaient plus jeunes).
Infections transmissibles sexuellement et du sang (ITSS)
Dans un autre ordre d’idées, la santé sexuelle est souvent la dernière dimension qui préoccupe les professionnels de la santé chez les personnes âgées. En raison des tabous, la question du sexe est omise par les médecins, cachée par les personnes âgées, ce qui entraîne moins de tests.
Pourtant, les infections transmissibles sexuellement et sanguines (ITSS) ont augmenté chez les personnes âgées au cours des dernières années. Par exemple, les cas de gonorrhée, de syphilis, de chlamydia et de VIH sont de plus en plus fréquents chez les aînés. En dehors de la question des tabous, qu’est-ce qui explique cette augmentation?
Il semble qu’on voit de plus en plus d’aînés qui ont vécu une longue relation conjugale, qui se séparent, qui ont plusieurs partenaires sexuels et qui sont de plus en plus à risque de contracter une ITSS. Ils n’avaient pas l’habitude d’utiliser des préservatifs dans leur jeunesse. Et comme les grossesses ne les concernent pas, elles pensent que le préservatif n’est plus pertinent pour elles.
Même si les cas de VIH augmentent au Québec, il est clair qu’il n’y a pas de campagne de prévention du VIH chez les aînés. Il est donc impératif de sensibiliser à cet égard.
Conclusion
Bref, même si les mentalités changent, on a toujours une vision restrictive et âgiste de la sexualité chez les aînés. Nous croyons que les aînés s’éloignent de l’image que nous avons de la sexualité (jeunesse, beauté, santé). Dans les CHSLD, la sexualité des personnes âgées est encore plus taboue.
La sexualité chez les seniors, ce n’est pas seulement un engagement classique entre un homme et une femme. Il fait partie de la diversité. Les unions ouvertes, les partenaires multiples, les pratiques sexuelles marginales, l’homosexualité, la transidentité font également partie de l’arc-en-ciel.
J’espère que cet article vous a aidé à dépasser la stigmatisation entourant la sexualité chez les aînés.